vfailly,
C'est vrai, ce sont des conditions de vie difficiles. Comme beaucoup de villageois birmans. Pour le reste, il est difficile de juger tellement les critères de beauté sont différents. Pour elles, ces colliers les embellissent.
Ces femmes font partie de l'ethnie Kayan, une branche du peuple karen, et sont appelées Padaung par les Birmans.
On peut lire beaucoup de choses à leur sujet sur internet, dont beaucoup de choses fausses, par exemple, qu'elles meurent lorsqu'on leur enlève leur collier parce que les muscles ne supporteraient plus le poids de la tête ou que le collier distendrait les cervicales. C'est faux. Elles peuvent tout à fait enlever leur collier quand elles veulent. En fait, le collier pèse sur les clavicules et les pousse vers le bas, ce qui donne l'impression qu'elles ont un long cou.
L'origine de cette pratique n'est pas claire, elle aurait six siècles. Certaines légendes disent que c'était pour se protéger des tigres, comme ça ils ne pouvaient pas mordre les femmes au cou. D'autres parce qu'elles ressembleraient à des dragons, animal mythique vénéré par ce peuple. Cela pourrait être aussi une méthode pour éviter à certaines époques que les femmes soient enlevées par une autre ethnie, etc...
Le pays comporte 135 ethnies.
Les Padaung sont originaires de Birmanie, mais beaucoup se sont enfuis en Thaïlande dans les années 1990, lorsque l'armée faisait la chasse aux milices qui combattaient la junte et massacrait des villages entiers. En Thailande, ces femmes sont exploitées par des personnes malhonnêtes qui sont souvent liées au gouvernement. Ces réfugiés ont un statut juridique qui leur ferme la porte à la plupart des emplois et qui limite leur accès à l'éducation. Pour vivre, les femmes sont obligées de passer leur journée dans des espèces de "réserves" où elles vendent les tissus qu'elles tissent aux touristes et se font photographier par eux. Certains conseillent de ne pas aller dans ces parcs pour ne pas entretenir cette exploitation, mais en même temps, c'est la seule source de revenus pour ces familles. Le mieux est encore de leur acheter leur production même si on n'aime pas ce genre de tissu. Les quelques euros dépensés pourront faire vivre une famille quelques jours.
En Birmanie, la junte militaire a longtemps interdit cette coutume, mais il n'était pas facile de faire respecter cette interdiction dans les villages. À partir de 2008, la Birmanie a commencé à s'ouvrir et à migrer vers un régime démocratique, les militaires conservant les pouvoirs régaliens. 2021 devait être l'année de la transition vers un système plus démocratique avec un parlement complètement élu par le peuple. Malheureusement, la junte a refusé le résultat des élections qui leur était défavorable et a repris le pouvoir dans tout le pays. Pendant ces 13 ans, les conflits avec les différentes ethnies se sont apaisés dans le pays et des trêves ont été signées avec les karens. Certains padaungs qui s'étaient réfugiés en Thaïlande sont alors revenus. Malheureusement, il était déjà difficile pour qui sont restés de vivre et ça l'a été encore plus pour ceux qui sont revenus au pays.
L'extrême pauvreté du pays fait que reprendre cette coutume est souvent un moyen pour les familles d'avoir des revenus réguliers liés au tourisme et alors que ceux qui étaient restés avaient largement abandonné cette coutume, on la voyait en 2021 revenir chez les jeunes.
Au vu de la situation actuelle, les voyages en Birmanie restent fortement déconseillés et on peut se demander comment ces peuples arrivent à se débrouiller.
Précision, le terme de femmes girafes est considéré comme péjoratif en Birmanie.