Cet article peut être considéré comme une suite à l'article "Définition et résolution" que l'on peut lire à viewtopic.php?f=18&t=6721.

Je sais que je me lance ici dans un exercice d'une grande difficulté tant le problème est complexe, mais je relève le défi et vais tenter de répondre à la demande.

Ca dépend des pays
Images, écrans, impressions tout le monde parle de dpi (abréviation anglosaxone pour dots per inch traduisible en points par pouce). Mais il y a dpi et dpi !
Prenons l'exemple du pixel d'une image numérique photographique de 4000 x 6000 px (24 Mpx) visualisée sur un écran de 1920 x 1200 (2,3 Mpx) ; on comprend immédiatement que le pixel photo n'est pas équivalent au pixel écran, celui-ci étant une interprétation mathématique de plusieurs pixels photo.
De même le pixel photo n'est pas équivalent au pixel d'impression — mais là, ça se complique sérieusement.

Comprendre un peu l'impression
Une presse numérique ou une imprimante numérique travaille non pas par points mais par trames, c'est-à-dire qu'elle imprime des lignes (c'est historique). La linéature qui exprime la finesse de la trame se mesure en nombre de lignes par pouce ; en général les imprimeurs utilisent des trames de 150 à 175 lpi (lines per inch), mais dans certains cas on peut atteindre 240 lpi.
Or ces trames sont en réalité composées de lignes de points (voilà que ça se complique !), par exemple un constructeur affiche pour son matériel professionnel une résolution de 4800 x 2400 dpi. Cela signifie que la ligne de trame est réalisée par une succession de très petits rectangles comportant 4800 x 2400 points par pouce.
Pour une imprimante photo jet d'encre c'est la tête d'impression comportant un nombre important de buses (400 par exemple) qui projettent l'encre. C'est le nombre de buses au pouce qui détermine donc la résolution d'impression.
Là encore, il n'y pas de relation directe, c'est-à-dire d'équivalence entre les dpi photo et les dpi d'impression. La résolution d'impression ne correspond donc aucunement à la résolution photo.
De surcroît, si un pixel photo affiche bien une nuance de couleur, en impression, c'est l'assemblage proche des points (de quelques microns) de différentes couleurs qui permet à l'œil de reconstituer la nuance de la couleur.
Et pour bien comprendre que le dpi photo n'a rien de commun avec le dpi impression, il faut savoir que les gouttelettes d'encre qui forment les points de la trame ne sont pas toutes de même diamètre, normalement elles sont petites en zones claires et grandes en zones sombres. Enfin, et en plus, selon la couleur à imprimer les lignes de trame sont inclinées selon des angles différents comme le montre l'image ci-après. D'après un document de l'imprimerie Escourbiac.

CONCLUSION
La résolution d'impression n'a pas de correspondance avec la résolution photo. Les pixels photo sont interprétés par des fonctions mathématiques et ce sont des algorithmes qui génèrent les caractéristiques ponctuelles d'impression.
En pratique, et par approximation, on applique le principe d'une résolution photo double de la linéature — donc une résolution photo de 300 dpi convient très bien pour une impression de qualité.

Georges

Papout,

Merci pour cet exercice difficile.

Peux-tu aussi nous dire quel est l'influence de la résolution d'une image sur la qualité de l'impression et nous préciser ce qu'est le rééchantillonnage ?

serge18, Volontiers, mais le "rééchantillonnage" est beaucoup plus facile à expliquer.
— 1 — L'influence de la résolution image sur la qualité de l'impression n'est pas simple à déterminer car c'est entrer dans les processus d'impression de la presse ou de l'imprimante et je ne les connaît pas.
Cela dit la presse numérique (ou l'imprimante) procède à une interprétation de l'image qui consiste à associé à un pixel photo divers points (en grandeur, en couleur) de la trame. On sait que si la résolution photo est faible (inférieure à 220 dpi en général) la qualité de l'impression ne sera pas très bonne ; en revanche au-dessus de 220 dpi la qualité d'impression sera bonne. Plus on fourni de pixels photo à la presse (ou imprimante) meilleure sera la qualité d'impression, mais il y des limites qui sont dues d'une part à la linéature (150, 175, 240 lpi) et d'autre part à la résolution machine.

Voilà par exemple les données techniques d'une presse numérique d'un grand constructeur :
>> Résolution 2400 x 2400 dpi VCSEL ROS pour la netteté, les ombres détaillées et les zones claires éclatantes
>> Rendu 1200 x 1200 x 10 RIP sans sous-échantillonnage pour une performance Ultra HD
>> Trames de demi-teinte pour une résolution plus claire et plus lisse et des dégradés améliorés
>> 150, 175, 200, 300, 600 points groupés
>> 150, 200 trames lignées avec rotation

On voit que ce n'est pas facile de bien comprendre tout cela ; l'imprimerie est une profession et ce n'est pas la mienne !
Information complémentaire :
a) VCSEL ROS est un procédé d'impression laser qui permet d'avoir 2400 dpi au lieu de 600 dpi avec le procédé ROS (pour plus d'information voir https://www.fujixerox.com/eng/company/t ... l_ros.html).
b) RIP est l'abréviation de Raster Image Processor, il s'agit d'un programme (logiciel) de conversion des éléments graphiques du fichier originel pour l'impression (une sorte de pilote spécialisé). On indique la performance de conversion par le nombre de bits, dans l'exemple ci-dessus 10 RIP signifie 10 bits.

— 2 —D'une façon générale, l'échantillonnage est une méthode statistique qui consiste, à partir d'une partie (un échantillon) connue d'un tout inconnu, à reconstituer le tout avec une grande probabilité de réalité. Ce sont des méthodes mathématiques (par application des lois statistiques) qui permettent cette régénération.

En photographie on utilise des algorithmes pour agrandir c'est-à-dire faire un suréchantillonnage (parfois appelé moins précisément rééchantillonnage) ou pour rapetisser c'est-à-dire faire un sous-échantillonnage d'une image. Par exemple, une photo de 24 Mpx est sous-échantillonnée pour qu'elle puisse être reproduite par un écran d'ordinateur. En revanche pour agrandir une image, il faut procéder à une interpolation, c'est-à-dire "déterminer, à partir d'une série statistique succincte aux valeurs trop espacées, de nouvelles valeurs correspondant à un caractère intermédiaire pour lequel aucune mesure n'a été effectuée" (définition Larousse).
Je renvoie à un tout petit article simple et très explicite réalisé par la firme Adobe : https://helpx.adobe.com/fr/photoshop-el ... ample.html

Papout,

Merci pour ce complément d'information.

Merci, une nouvelle fois pour ces explications !

Georges,

Merci pour ton travail effectué. Je garde tes liens sous le coude.

Merci Papout, pour cet article qui est bien écris et facile à lire
Une petite question: Peut on assimiler les mêmes qualités d'impression pour la couleur que pour l'impression en N&B ?

merci les amisserge18, yoan-85-nikon, Diane, clodany,

Le Noir & Blanc procède du même principe : le modelé — c'est-à-dire les nuances de gris — est réalisé par des points Noir et des points Blanc (l'encre grise n'existant pas) qui sont plus ou moins nombreux et plus ou moins gros afin que l'œil y perçoive du gris donc les différentes nuances de gris.

Merci pour l'ajout concernant le VCSEL ROS

Papout a écrit : jeu. 7 janv. 2021 10:27 Le Noir & Blanc procède du même principe : le modelé — c'est-à-dire les nuances de gris — est réalisé par des points Noir et des points Blanc (l'encre grise n'existant pas) qui sont plus ou moins nombreux et plus ou moins gros afin que l'œil y perçoive du gris donc les différentes nuances de gris.

Effectivement, le principe est le même mais l'encre grise existe bien dans deux cas :
- soit l'imprimante possède une ou deux catouches grises en plus de la cartouche "noire" et la gestion se fait à partir du pilote (N&B avancé d'Epson par exemple),
- soit c'est le principe du système d'impression Piezography. En fait c'est l'encre noire qui n'existe pas, les différentes nuances sont des encres grises plus ou moins diluées (y compris le "noir" qui l'est très peu).
Chaque dilution remplace alors une couleur bien précise dans l'imprimante qui les gère de la même manière qu'en couleur mais à partir d'un logiciel spécialisé comme l'excellent Quadtone rip.
Pour visualiser ce que ça donne, il suffit de remplacer sur l'image du premier post les taches jaune cyan et magenta par des taches de gris plus ou moins clair.

C'est ce principe qui donne au N&B un modelé que ne peut donner une imprimante qui n'a qu'une cartouche "noire" où effectivement les nuances de gris sont données par l'espacement des taches noires.

laurentia, pour ces précisions concernant les imprimantes "haut de gamme", en effet je suis resté sur l'impression d'imprimerie c'est-à-dire les presses numériques quadri et les imprimantes photos "normales" c'est-à-dire jusqu'à 6 couleurs. Cette précision élargie la connaissance.
Je pense que ce fil est maintenant assez complet pour nos amis IP.

laurentia a écrit :ven. 8 janv. 2021 09:06 soit l'imprimante possède une ou deux catouches grises en plus de la cartouche "noire" et la gestion se fait à partir du pilote (N&B avancé d'Epson par exemple)

C'est mon cas d'où ma question sur l'impression en N&B. Car si mon imprimante possède 2 gris (Noir clair, Gris clair) et 2 noirs ( Noir photo, Noir mat) utilise t-elle les autres couleurs en impression N&B ?

clodany a écrit :ven. 8 janv. 2021 11:51 utilise t-elle les autres couleurs en impression N&B

en pleine impression noire et blanc, la mienne s'est arrêtée et a réclamé le changement de la cartouche jaune !

Filou81 a écrit :ven. 8 janv. 2021 12:24 en pleine impression noire et blanc, la mienne s'est arrêtée et a réclamé le changement de la cartouche jaune !

Je ne sais pas répondre à la question, mais en impression la synthèse est soustractive, c'est-à-dire que N = C+M+J le noir est obtenu en mélangeant en quantités égales du Cyan, du Magenta et du Jaune. Or ce noir c'est pas beau, pas profond, c'est la raison pour laquelle on utilise de l'encre noir, bien noire d'où la quadrichromie C, M, J, N.
Ayant dit cela, peut-être (je l'ignore) que les gris intermédiaires (entre le le noir-clair et le gris-clair) sont réalisés par synthèse colorimétrique C+M+J en quantités inégales.