Ce type de prise de vue présente deux difficultés.
La première difficulté se résume à la captation de l’image du fait de la petite taille du sujet soumise à une vitesse de déplacement importante.
Une mésange charbonnière, une sitelle torchepot par exemple sont des oiseaux qui mesurent de 12 à 14 cm et qui se déplacent à des vitesses supérieures à dix mètres par seconde (10 m/s = 36 km/h). Une sitelle par exemple est extrêmement rapide (plus de 20 m/s en vol de fuite). Inutile donc d’essayer de les photographier en vol, même avec un autofocus rapide, la captation par les collimateurs de votre appareil est quasi impossible.
La seconde difficulté est celle de la dimension de l’empreinte de l’oiseau dans l’image de la scène. Mon expérience m’a amené à rechercher une empreinte qui ne soit pas ou peu inférieure à 10 %. Cela veut dire que la longueur de l’oiseau dans l’image ne doit pas être plus petite que 10 % de la largeur de l’image, en deçà, l’oiseau est trop petit et même avec un bon recadrage, le résultat est médiocre. En termes pratiques cela signifie que les oiseaux de dimensions citées plus haut ne doivent pas être pris dans un champ de visée supérieur à environ 1,50 m de largeur.
Cette contrainte de bonne lecture d’image (bien voir l’oiseau) impose alors le choix de l’objectif en termes de focale.
Le petit tableau ci-après vous aidera à trouver la bonne focale pour une distance et un champ donnés ; je l’ai établi pour le format 24x36 (en gras) et pour l’APS-C (en italique).
Le point d’élancement peut être un arbre, un arbuste ou un poteau sur lequel on a fixé une branche. Le point d’atterrissage est évidemment une mangeoire – personnellement je préfère une mangeoire suspendue à un poteau ou à un fil à linge plutôt qu’une mangeoire de type plateau.
Le « poste » de prises de vues – appareil photo monté sur pied ou à main levée avec objectif à stabilisation –, peut être un petit affût ou un filet de camouflage ou encore chez soi derrière une vitre bien propre (la plupart de mes photos sont prises depuis un bureau derrière un double vitrage très propre). Le champ de visée ne doit pas comprendre la totalité de l’espace branche-mangeoire mais un champ réduit comprenant soit la mangeoire (champ A) soit la branche (champ B). Cela permet, d’une part, de prendre plutôt les départs ou plutôt les arrivées – les vols d’approche sont alors compris dans l’espace vide, et d’autre part, de recadrer facilement en éliminant la mangeoire ou la branche.
La mise au point doit être est faite, selon le cas, sur la mangeoire ou sur la branche utilisée par les oiseaux pour prendre leur élan ; on passe ensuite en mode de mise au point manuelle car il faut supprimer l’autofocus pour la prise de vue. Ici la fonction AF-On déjà expliquée dans un autre article est très utile.
La vitesse est réglée à 1/1250 ou 1/1600 s ; on peut aller jusqu’à 1/2000 s selon la luminosité – et l’ouverture relative de l’objectif – pour prendre avec une sensibilité ISO acceptable.
Pour les départs, il faut bien observer l’attitude de l’oiseau et anticiper le départ quitte à ne rien prendre (le numérique n’use pas de pellicule !). Pour les arrivées, on déclenche au départ ou juste après. C’est l’expérience qui « paiera » car n’oublions pas que notre temps de réaction est de l’ordre de 1/10 s, c’est le temps que met l’oiseau pour parcourir 1 à 2 m. Si l’on n’anticipe pas suffisamment, on déclenche et l’oiseau n’est plus dans le champ. Par expérience, l’utilisation du mode rafale est inutile car entre deux déclenchements il se passe un temps de l’ordre du dixième de seconde, les images suivant la première ne prennent rien.
Une fois le déclenchement maîtrisé, le problème résiduel est celui de la netteté. En fait, le flou que l’on rencontre souvent ne provient pas de la vitesse de prise de vue mais de la mise au point, plus exactement de la profondeur de champ. Il faut évidemment que l’oiseau ait une trajectoire qui reste dans le couloir de la profondeur de champ.
Bonnes photos.